Patrick Jannin

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Ajouté le 24 août 2006


Malraux a dit : « le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas »

Mon 21ème siècle n’est pas.

Pourquoi Malraux l’a-t-il dit ? Parce qu’il le savait, le sentait, et qu’il a voulu nous mettre en garde. Ainsi que nombre d’écrivains d’anticipation qui avaient prévu les dérives de notre siècle naissant, le totalitarisme, les problèmes écologiques.
Il ne s’agit pas là de se faire le chantre de quelque théorie alarmiste, de prêcher la fin du monde. Il s’agit d’écouter ce que la vie et certains d’entre nous nous enseignent. Il faut écouter, voir et sentir.
Parler d’amour à notre époque est devenu honteux. Ca fleure le catho/pathos et le mauvais goût. Mieux vaut parler sexe et garder la tête froide. Ne rien ressentir, dominer ses émotions, son corps, le corps de l’autre, le corps des autres. Dominer le monde.
On a confondu puissance et domination. La puissance, c’est ce qui nous rend plus forts car meilleurs, pas plus forts car plus riches ou plus musclés. Ca, c’est du bla-bla, c’est ce qu’on nous vend sur toutes les chaines de télévision et dans tous les journaux. C’est superficiel et surtout c’est dangereux. Parce que c’est le Modèle Imposé.
Il est humain de chercher à dominer l’autre. C’est malheureux mais c’est comme ça. On domine pour s’enrichir, pour se protéger. C’est un besoin vital. Mais si on trouve un autre moyen de s’enrichir, via l’esprit, si on n’éprouve plus la nécessité de se protéger parce qu’on est devenu plus fort, alors on n’a plus besoin de dominer, on peut vivre en harmonie, avec soi d’abord, puis avec le reste du monde, et avec l’univers. Là est La Puissance.

L’être que je peins et dessine depuis tant d’années, c’est cet individu de chair et de sang, cet être uniquement organique. C’est ce monstre que je ne veux plus être, et dont la promiscuité me fait horreur car je n’ai pas encore réussi à exprimer, à vivre, ce que je suis en train d’écrire.
Je dis : nous sommes des monstres car nous sommes des pauvres en esprit.
Je dis : mes dessins vous font peur mais moi j’ai peur de vous et c’est pour ça que je vous représente ainsi.
Je dis : ce n’est pas parce que Dieu est mort qu’il faut s’avouer vainqueur. On a déraciné une idole, on s’est libéré de la pensée unique. C’est très bien. On a comblé le vide spirituel, le vide dans nos vies et dans nos peurs par toujours plus de confort. C’est très bien. Mais maintenant ? Maintenant que c’est ce confort et la quête éperdue du plaisir qui nous tuent, qu’est-ce qu’on fait ?
Je dis : il y a urgence.
Je dis : regardez-vous en face.
Je dis : réveillez-vous.




15/05/08

Créé avec Artmajeur